Tuning non expertisé = danger
« Bon nombre d’automobilistes ignorent que les modifications sont soumises à expertise »
abi. Bon nombre d’automobilistes ne veulent pas d’une voiture basique et ordinaire, ils désirent quelque chose de spécial. La solution ? Le tuning. Mais qu’on opte pour le chiptuning, un silencieux d’échappement, un châssis modifié ou de nouvelles jantes, l’ordonnance concernant les exigences techniques requises pour les véhicules routiers prescrit un contrôle. Avant que le véhicule tuné ne soit autorisé à circuler, l’office de la circulation routière compétent doit valider les modifications effectuées et les inscrire dans le permis de circulation.
Que se passe-t-il si un élément spécial n’est pas accepté par l’office de la circulation routière ? Pour l’ATVSL (Auto Tuning- & Design Verband Schweiz/Liechtenstein), les choses sont claires : « Dès lors qu’on modifie sa voiture, il faut toutes les expertises requises et la garantie ! » Sans expertise, si l’on se fait pincer par la police, on risque au moins une amende ou, dans le pire des cas, un retrait du permis de conduire. Les pièces de tuning illégales peuvent être confisquées. La police dresse un rapport et oblige le détenteur du véhicule à passer un contrôle. Des documents d’expertise non conformes sont souvent dus à une erreur d’écriture. Mais des documents falsifiés entraînent des poursuites.
Près de 7000 contrôles à Zurich
L’Office de la circulation routière du canton de Zurich a expertisé 6104 véhicules en 2018 (6193 en 2017) dans le cadre de contrôles réguliers demandés par les détenteurs. Ce nombre englobe toutes les modifications techniques, y compris les attelages de remorque, par exemple, le tuning n’étant pas classé séparément.
747 expertises de véhicules (781 en 2017) ont en outre été effectuées sur la base d’un rapport de police. Environ 25 % d’entre elles concernaient du tuning ou des modifications techniques, et les trois quarts restants des défauts consécutifs à des accidents ou des dommages. « Nos experts examinent toutes les modifications techniques possibles », explique l’office de la circulation routière. « Dans le domaine du tuning, il s’agit la plupart du temps des jantes, du surbaissement, de l’augmentation de la puissance ou du pot d’échappement. »
L’Office de la circulation routière constate que le tuning illégal n’est pas toujours intentionnel : « La plupart des clients ne savent pas qu’il est obligatoire d’annoncer et de faire examiner certaines modifications. Et les détenteurs de véhicules d’occasion ignorent que ceux-ci ont été modifiés par le passé. » À cela s’ajoute le fait que chaque pays possède sa propre réglementation. « Nous conseillons aux automobilistes qui veulent faire modifier leur voiture de s’informer au préalable précisément chez un garagiste ou un vendeur. »
Le rôle des garagistes
La situation est donc claire : les garagistes ont un rôle important à jouer. Peter Banz, directeur de KW Automotive AG (lire l’interview), le confirme. Car un automobiliste qui modifie sa voiture sans la faire examiner ensuite met aussi en danger sa sécurité et celle des autres usagers de la route. « Un véhicule qui n’est plus apte à rouler parce qu’il a été modifié techniquement est dangereux », ajoute l’office zurichois de la circulation routière. C’est le cas, par exemple, quand les roues ne sont pas adaptées, quand les jantes touchent les étriers de frein ou le châssis, quand le véhicule est trop bas et que son plancher s’abîme, quand des éléments inadéquats sont montés ou quand les freins ne sont pas contrôlés et peuvent avoir des ratés. « De plus, la couverture d’assurance devient caduque et l’assurance peut se retourner contre l’automobiliste. »
« Juste faire des économies »
Peter Banz est le directeur de KW Automotive Schweiz AG. Cette entreprise d’envergure internationale est spécialisée dans la modification de véhicules et dispose de solides compétences en matière de développement et de production de châssis pour le marché de l’après-vente, des sports automobiles et de l’industrie automobile.
Monsieur Banz, quelles sont les raisons qui poussent un automobiliste à ne pas faire expertiser officiellement sa voiture tunée ?
Peter Banz : Les propriétaires de véhicules veulent avant tout faire des économies. Parfois, ils ont monté des produits qui n’ont pas de documents, ou des documents lacunaires et qui ne correspondent donc pas aux normes.
Que conseillez-vous à quelqu’un qui souhaite modifier sa voiture ?
Il devrait dans tous les cas s’adresser à un professionnel qui connaît bien ce type de transformations. Il est important de n’acheter et de ne faire monter sur sa voiture que des pièces contrôlées. Tout contrat de tuning devrait prévoir une inscription dans les papiers du véhicule.
À quoi doivent veiller les garagistes lorsqu’on les mandate pour un tuning ? Et comment peuvent-ils se couvrir ?
Ils doivent impérativement demander au client quelles sont ses attentes et ses besoins. Il faut savoir ce qu’il recherche en faisant modifier son véhicule. Ensuite, le garagiste doit s’adresser uniquement à des fournisseurs qui livrent des pièces avec toutes les expertises requises. Un fournisseur sérieux, par exemple, garantit la livraison de pièces de rechange sur plusieurs années. Si le garagiste n’est pas sûr que les documents suffisent, il peut les envoyer à l’office de la circulation routière. Il peut aussi s’informer sur le site de l’Association des services des automobiles pour savoir selon quelles directives l’office de la circulation routière vérifie le montage et les produits.
De votre côté, constatez-vous souvent des travaux mal faits ?
Non, je dois dire que c’est rare. Les problèmes les plus importants surviennent quand les pièces sont montées sans respecter nos instructions.
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